À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes ce mardi 8 mars, la ligue Île-de-France de badminton met en lumière 6 femmes ayant un rôle spécifique dans le badminton francilien. Elles ont accepté de répondre à nos questions et de nous en dire plus sur leur parcours jusqu’à ce jour.
Delphine DELRUE
J’ai commencé le badminton à l’âge de 7 ans au club d’Ezanville Ecouen dans le Val d’Oise tout à fait par hasard. Je voulais faire du sport étant petite et au forum des associations, le club de badminton m’a approché pour essayer. J’ai de suite accroché à ce sport malgré peu d’aptitudes au départ pour jouer.
Sous la tutelle de Michel Taalba, j’ai beaucoup progressé et j’ai intégré les équipes de France Jeunes et glané de nombreux titres de championne de France jeunes pour mon club et la ligue Île-de-France.
Ensuite, premiers vainqueurs des 8 nations U15 par équipe avant d’être admis au pôle France Jeunes de Talence en 2013 pour 3 belles années. Puis retour en Île-de-France avec mon entrée à l’Insep et un titre de champions d’Europe par équipe juniors devant le public français.
C’est ensuite suivi mon entrée en équipe de France senior et le début de mon partenariat avec Thom Gicquel et Léa Palermo. Cela fait maintenant 6 ans que je joue avec Thom et dans notre palmarès on peut noter une participation aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 ainsi qu’un top 10 mondial acquis l’année dernière.
J’ai également comme projet de reprendre le double dame avec Léa Palermo quand elle sera remise de sa blessure.
A côté de ça, j’ai bien sûr suivi des études, j’ai passé mon bac lorsque j’étais en Pôle France à Bordeaux et j’ai également validé ma licence Sciences de la Vie en juin 2021 à Sorbonne Université. Je suis maintenant en train de réfléchir pour continuer en Master soit dans cette voie soit dans une autre voie plutôt liée au sport.
Depuis toute petite, je suis attachée à la région Île de France, c’est ici que j’ai commencé ma carrière de badminton et que je la poursuis à l’heure actuelle. Je suis toujours licencié au club d’Ezanville Ecouen depuis 17 ans et c’est ici que j’ai eu mon diplôme universitaire.
Être une femme dans le badminton n’a jamais été un frein, bien au contraire. J’ai toujours apprécié le fait que le badminton soit un sport mixte dès le commencement, on est toujours mélangé à l’entraînement et il n’y a pas de différence faite entre filles et garçons sur cet aspect. C’est également pour ça que j’aime le mixte, j’aime me confronter également aux garçons et montrer de quoi on est capable.
Sandra DIMBOUR
J’ai découvert le badminton en suivant mes parents au club du CSM Eaubonne vers l’âge de 12 ans. J’ai ensuite rejoint le club d’Issy-les-Moulineaux Badminton Club et tout s’est enchaîné : équipe nationale, INSEP, titres nationaux et internationaux, sélections aux championnats d’Europe, du monde et aux Jeux Olympiques de Barcelone, Atlanta et Sydney. J’ai arrêté ma carrière en 2001 sur un titre interclub avec le Racing Club de France. Cette même année, j’ai intégré les effectifs de la FFBaD en tant que cadre technique. J’ai entraîné sur le pôle France et les équipes de France jeunes et senior jusqu’en août 2008. J’ai ensuite souhaité me poser pour m’occuper de ma famille. Je suis devenue conseiller technique inter régional en lien avec la ligue qui, à l’époque, était présidée par Olivier Place. J’y ai passé trois excellentes années en espérant avoir un peu contribué à son développement. Depuis 2011, je travaille au CREPS Île-de-France en tant que cheffe du département Sport de haut-niveau après avoir été responsable du suivi scolaire des sportifs des pôles pendant dix ans.
Quel que soit le point de vue, mes expériences franciliennes du badminton ont été bénéfiques. En tant que jeune joueuse, j’ai pu bénéficier de l’accompagnement de la ligue à travers ses entraîneurs, les stages et les compétitions (championnats de France individuels jeunes et interligues à l’époque). Sur les plans professionnel et personnel, le badminton m’a construit, m’a permis de gagner en maturité et d’acquérir des compétences utiles (gestion du temps, du stress et de projet). Et ma formation s’est en grande partie réalisée sur le territoire francilien par l’intermédiaire de la ligue, la FFBaD et de mes clubs successifs.
À ce jour, le badminton francilien manque de joueuses, de dirigeantes et d’entraineurs. Vivre dans et pour le monde du sport demande du temps mais peut-être serait-il intéressant d’organiser les choses autrement afin que cela valorise et attire les femmes ? Y apporter un état d’esprit différent. Le badminton en a besoin !
Adèle RABY
Qui n’a pas déjà entendu que chaque action entreprise sans finalité financière cachait forcément quelque chose. Et si, finalement ce quelque chose ne se résumait pas à un bien matériel ou à la recherche du pouvoir, mais bien à la recherche d’un épanouissement de ses valeurs personnelles ? Pour certains, cela se traduira par une valeur de justice, pour d’autres, de responsabilité etc.
Géographe de formation, mes recherches, notamment l’étude des dynamiques spatiales et des interactions entre espace et sociétés, ainsi que ma spécialisation en cartographie ne cessent d’enrichir mon esprit critique et d’analyse. La création de ma société Kamisphère en 2012, et de fait la nécessité de revêtir toutes les casquettes qui incombent à un jeune entrepreneur, a forgé ma personnalité et encouragé ma détermination. Je suis confortée à l’idée que chaque personne, apporte dans un travail de groupe son individualité. Menées intelligemment, les discussions, les réflexions sans mettre de côté les remises en question, ne peuvent qu’être bénéfiques pour la majorité et parallèlement garantir un épanouissement et une croissance personnelle.
Mon engagement bénévole s’inscrit dans la continuité de cette vision intimement liée à mon parcours professionnel. Depuis mon plus jeune âge, je me suis engagée bénévolement aussi bien dans la sphère sportive, en équitation d’abord, puis dans le monde du badminton actuellement, que sur d’autres actions citoyennes comme par exemple au sein de la Jeune Chambre Économique.
Dans le monde du badminton, mon implication a débuté avec une proposition de rejoindre le comité 93 pour la gestion des Interclubs. Cette expérience passée aux côtés d’Hugo Anest, ainsi que l’état d’esprit de travail et sa vision du monde bénévole ne m’ont que conforté dans l’idée d’être à ses côtés à la LIFB au sein des opérations sportives. Encore une fois, cette expérience est riche de découvertes et d’enseignements et de rencontres humaines.
Léa PALASSE
J’ai commencé le badminton à 13 ans à l’UNSS de mon collège et je me suis inscrite au club de Villeparisis où je faisais assistante entraineur. J’étais également membre du bureau (responsable jeunes), jusqu’à mes 19 ans. Ensuite, j’ai fait mes études, avec une licence STAPS spécialité Management du sport puis un master Management du sport.
A la fin de mes études, je devais faire un stage que j’ai réalisé à la ligue en tant qu’assistante développement en service civique. Ce qui m’a permis d’allier ma passion et mes études. Mes missions étaient variées mais j’ai surtout été mobilisée sur le Bad Tour et sur les animations pour les enfants en situation de Handicap, « Les sports en fille » ou « sport en mixte » avec Hervé Souillard. Cette expérience m’a permis de mettre un premier pied dans une structure fédérale, où j’ai pu y observer le fonctionnement d’une ligue ainsi que les structures qui l’entoure (fédération, comités, clubs). Suite à la fin de mon stage et de mon master, le comité 92 (présidée par Olga Petrova) a ouvert un poste d’agent de développement auquel j’ai postulé en 2017. Deux ans plus tard le poste de conseiller technique départemental s’est ouvert. Le comité connaissant mon parcours personnel (je joue toujours) m’a proposé de passer le DE en deux ans pour pouvoir avoir une double casquette.
Aujourd’hui je suis donc agent de développement et conseiller technique départemental. Ces deux postes me permettent de développer le badminton sur mon département tout en ayant une vision de terrain avec mon poste de conseiller technique. Ces deux missions me donnent une vision plus réaliste du badminton actuel grâce au terrain.
Pour moi rien n’est impossible, le fait d’être une femme dans le monde du sport et notamment du badminton n’a absolument pas freiné mes différentes missions, projet et études. Peut-être grâce à mon tempérament, mais je ne pense pas qu’il y ait que ça. Passer des diplômes entourée d’homme n’a pas été un frein, au contraire ! Ils m’ont toujours traité comme une collègue. Pendant mes deux ans de DE je n’ai jamais senti de dévalorisation de leur part.
Nos différentes visions sont là. Qu’on soit un homme ou une femme, cela n’a pas d’importance, tant qu’il y a de la discussion et des débats. Mon responsable de formation, Frédérique Dor, n’a jamais relevé le fait que je sois une femme et m’a traitée comme n’importe quel(le) stagiaire. Et pour cela je le remercie.
Si certains sont encore surpris de me voir à ce poste, l’attitude générale est de me considérer comme une professionnelle avant tout.
J’espère donner aux jeunes joueuses qui me voient encore sur les terrains d’aller vers les métiers du sport et en particulier du badminton. Ils sont pour le moment très peu féminisés mais gagneront à être plus mixtes. Les jeunes joueuses ou futures professionnelles ne doivent pas s’auto-limiter à cause de leurs sexes.
Audrey DANDY
Crédit photo : Jonathan Iroulin
Joueuse, maman d’un jeune joueur haut niveau, GEO, arbitre stagiaire, présidente de club : le bad fait partie prenante de ma vie !
Mon histoire avec le badminton remonte à mes années lycée. Après une longue coupure pour mes études et le début de ma vie professionnelle, j’ai repris la raquette au club de Chatou (78) puis en 2014 au club de La Rochette (ASRB – 77). Joueuse loisir, j’ai été recrutée par les compétiteurs pour participer aux interclubs. Cela m’a beaucoup plu, l’ambiance était bonne, aller se confronter à d’autres joueurs me faisait progresser, même si mon niveau reste très modeste. En effet, mon temps sur les terrains est davantage destiné à encourager mes deux enfants qui m’ont suivi, pour mon plus grand bonheur, dans cette voie sportive.
Bien qu’ayant un diplôme d’ingénieur en gestion de production, je suis revenue à mon premier métier, graphiste, en tant qu’indépendante en 2010. Mais la gestion de projet et le contact humain me manquaient. Alors, en 2016, quand le bureau de l’ASRB se renouvelait, j’ai naturellement pris la présidence.
La gestion d’un club de 200 adhérents n’est pas toujours reposante, mais quand il y a une équipe soudée, une volonté de progresser, que des potentiels sont repérés, ça donne envie de continuer. L’année suivante, j’ai passé ma formation GEO pour comprendre un peu plus les rouages des tournois, l’élaboration des poules etc.
De son côté, l’ASRB a continué de progresser, que ce soit avec les adultes ou les enfants : nous sommes passé Club Avenir en juin 2019. C’est très encourageant de voir les efforts fournis récompensés.
Pour continuer d’approfondir mes connaissances sur les matchs et leur environnement, j’ai suivi la formation d’arbitre en octobre dernier. L’idée était aussi de joindre l’utile à l’agréable, d’utiliser mon temps sur les compétitions en tant que spectatrice à rendre service aux joueurs en arbitrant leurs matchs : une autre façon de rester active dans le monde du bad sans forcément avoir la raquette en main.
Lise ALLAERT
J’ai ouvert les portes du club de badminton un peu par hasard. En effet, ayant toujours eu une pratique multisport, j’ai dû, pour le concours de professeur d’EPS, avoir une pratique de spécialité. Il restait de la place pour s’inscrire dans le club de Maisons-Alfort, c’était un sport individuel et il y avait beaucoup d’occasions de participer à des compétitions. Le choix était fait et en 2011, je me suis inscrite à la JAMA Badminton. Dès cette première année, j’allais non seulement à l’entraînement pour progresser mais également pour le lien social établi avec les autres licenciés. Cela perdure toujours, notamment à travers l’organisation de notre tournoi. Des rencontres sportives sont devenues des rencontres amicales.
J’ai toujours voulu faire les formations dans un premier temps pour aider mon club et me donner des billes dans l’exercice de mon métier mais de plus en plus aussi par culture et développement de compétences personnelles. Très vite, j’avais la possibilité de consacrer du temps aux formations entraîneurs bénévoles et Fit’Minton, ce qui m’a aidé et m’aide toujours dans l’exercice de mon métier.
L’occasion d’arbitrer s’est présentée car à l’époque, une montée en R3 de mon club était possible. Faire la formation a été d’un double intérêt : aider le club et améliorer ma culture des règles du badminton, pour le fameux oral de spécialité du concours. Sauf que cela m’a plu et je me suis retrouvée à officier sur les terrains de la N2 à la R3 sur de nombreux week-ends.
Aidant ponctuellement en tant qu’entraineur, c’est depuis 5 ans environ que je garde principalement la casquette d’officiel technique : mon grade d’arbitre m’a ouvert les portes des juges de ligne, et c’est avec fierté que j’officie sur les compétitions internationales en France.
Depuis peu, je forme aussi les juges de ligne franciliens. C’est une activité qui me plaît beaucoup car elle est variée, regroupe tout âge et me permet de transmettre ma passion. C’est une activité très motivante.
Au sein de la ligue, je suis membre bénévole de la CLOT, m’occupant particulière de la filière juge de ligne et du suivi des arbitres. J’apprécie le fait qu’il y ait un cadre dans lequel on peut exercer en autonomie et également un esprit d’équipe pour faire avancer et progresser la filière OT en IDF : débats, questionnements, etc. pour le bien de tous les acteurs du badminton.
En tant que femme, avoir ces différents rôles m’apporte des choses variées, plaisantes et toutes aussi motivantes : officier en tant qu’arbitre et exercer en tant qu’entraineur m’a aidé à avoir plus confiance en moi, dans l’affirmation de décisions. Même si j’ai pu me poser la question de la légitimité, la confiance qu’on m’a accordée dans ces différents rôles l’a effacée. Je continue et varie les casquettes selon les envies car j’apprécie l’esprit de cohésion et d’entraide que chacun de ces moments dégage.